Alors que le festival Génération start-up se profile (le 4 juin, lire encadré), zoom sur un projet mené par six étudiants issus de diverses composantes Unistra et d'une école associée*. Ils ont mis leurs compétences en commun pour valoriser l'idée de fabriquer du plastique biodégradable à partir de pain rassis. Leur alliance pluridisciplinaire leur a permis de gagner le 1er prix du dernier concours d’Alsace Tech Innovons ensemble.
Amis’don : un joli clin d’œil au sucre présent dans le pain, mais aussi aux boulangers donnant gracieusement leurs invendus devenus impropres à la consommation. C'est le nom que Maud Mansat, étudiante à l’École supérieure de biotechnologie de Strasbourg (ESBS), a choisi de donner à son projet. A l’issue de la soirée d’inauguration du concours Innovons ensemble, organisé depuis 2013 par Alsace Tech, cinq étudiants l'ont rejointe pour développer cette idée. Objectif du concours, destiné aux étudiants du réseau et aux établissements partenaires : apporter des solutions à une problématique choisie.
Et pour cause, une tonne de pain, c’est ce que représentent les déchets annuels d’une boulangerie. « En Belgique, ils font de la bière à partir du pain rassis, explique Maud Mansat. Je trouvais l’idée intéressante de le récupérer pour en faire autre chose. On peut fabriquer du plastique à partir d’amidon, d’où l’idée d’utiliser celui contenu dans le pain. »
Unir les compétences de chacun
Des chimistes, des biologistes et une communicante ! Une combinaison gagnante pour ces étudiants qui ne se connaissaient pas. Étude de marché, recherche d’un protocole pour modifier génétiquement une bactérie, création d’un logo : la répartition des tâches suivant leurs compétences leur a permis de concevoir ce projet innovant de A à Z.
Leur stratégie : utiliser les fab-labs dans un premier temps pour produire leurs plastiques en petite quantité et se constituer une clientèle, afin de récolter les fonds nécessaires avant de passer à plus grande échelle, dans un laboratoire de production.
Viser les entreprises locales
Les étudiants misent sur le marché local : récupérer le pain des boulangeries du coin et vendre le plastique biodégradable à des entreprises de l’Eurométropole de Strasbourg, qui fabriquent des filaments pour les imprimantes 3D ou des contenants alimentaires.
Sont-ils allés jusqu'au bout ? « Cinq mois, c’est trop court pour monter une entreprise », commente Morgane Bouillon, étudiante en génie biologique à l’IUT Louis-Pasteur, associée au projet. S’ils n’ont pas eu assez de temps pour la partie recherche et développement, le prix reçu est le signe que leur projet a du potentiel. Morgane Bouillon serait ravie qu’une personne reprenne leur idée pour monter une entreprise.
« C’était une expérience enrichissante », conclut Maxime L’Hénoret, en charge de la partie communication et étudiante à l’École de management de Strasbourg. Le projet fini, chacun retourne à ses études. Avant de se lancer, peut-être, dans l’entreprenariat d’ici à quelques années pour Maud Mansat.
Vanessa Narbonne
* Faculté de chimie, IUT Louis-Pasteur, École supérieure de biotechnologie de Strasbourg-ESBS, EM Strasbourg (Université de Strasbourg), et École nationale du génie de l'eau et de l'environnement de Strasbourg-Engees (établissement associé)